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a dit jésus
je dis mes mystères à ceux qui sont dignes de mes mystères
ce que ta droite fera
que ta gauche ne sache pas ce qu’elle fait
Mt 5. 3-4 Notez également la prétentieuse manipulation chez Mt 13. 10-13, Mc 4. 10-12 et Lc 8. 9-10
Une parole mystérieuse en effet, qui laissa des traces dans les évangiles canoniques. Toute action conçue dans l’harmonie de l’unité est une action juste. Elle est à la fois servante, libératrice et dépourvue de toute expectation quant aux fruits qu’elle pourrait nous apporter. Qui donne avec sa droite tout en désirant recevoir avec sa gauche n’agit pas selon Sa loi
« Sois concerné par l’action elle-même, non par ses fruits » nous dit Krishna dans la Bhagavad Gita. « Tant que nos propres désirs déterminent le choix de nos actions, nous demeurons dans un cycle qui ne produit que souffrance » ainsi parle le Bouddha. Au chapitre 4 de l’évangile de Jean Jésus nous dit : semeur et moissonneur sont un.. .
Les conséquences de l’action sont inhérentes à l’action elle-même : ce que nous semons nous le moissonnons
Semeur et moissonneur sont en effet un . Il n’y a pas de comptes a rendre, ni de droite à gauche, ni à un Juge Suprême ! Cause et effet sont unis dans l’action elle-même. En cela réside l’essence même de la loi de karma .
La tâche du semeur est de semer
La conséquence de son geste ne le concerne plus. La tâche du serviteur est de servir. Ni ce qu’il donne, ni les conséquences de son service ne lui appartiennent. Même la bonté, que nous pouvons exprimer et que fièrement nous nous accordons à nous-mêmes, ne nous appartient pas ! Nous ne pouvons être que reconnaissants de recevoir la faculté d’exprimer la bonté
Celui ou celle, qui s’octroie quelque mérite que ce soit, s’attache, se rend dépendant. Dépendance est manque de liberté
Dans Sa loi point il y a de place pour une dépendance , seulement pour une harmonie librement consentie !
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a dit jésus
il était un homme riche qui possédait une grande fortune
il dit j’utiliserai ma fortune pour semer récolter planter
afin que je remplisse mes greniers de fruits
en sorte que je ne sois privé de rien
et cette nuit là il mourut
celui qui a des oreilles qu’il entende
Lc 12. 16-20
Si besoin en était, veuillez consulter le logion 42 ou 54
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a dit jésus
un homme avait des invités
et lorsqu’il eut préparé le repas il envoya son serviteur
afin qu’il convie les invités
il alla au premier et lui dit mon maître te convie
il dit j’ai de l’argent pour des marchands
ils viennent ce soir et je leur donnerai des ordres
je m’excuse pour le repas
il alla vers un autre et lui dit mon maître te convie
il dit j’ai acheté une maison et il me faut un jour
je ne serai pas disponible
il vint chez un autre et lui dit mon maître te convie
il lui dit mon ami va se marier et je ferai le repas
je ne pourrai pas venir excuse moi pour le repas
il alla vers un autre et lui dit mon maître te convie
il lui dit j’ai acheté une ferme et irai recevoir le revenu
je ne pourrai pas venir je m’excuse
le serviteur vint et dit à son maître
ceux que tu as conviés au repas se sont excusés
le maître dit à son serviteur
va au bord des chemins
ceux que tu rencontreras amène les pour prendre le repas
les acheteurs et les marchands ne rentreront pas
dans les lieux de mon père
Mt 22. 1-10 – Lc 14. 15-24
Que représente le repas auquel ces personnes sont invitées, mais qu’elles n’apprécient pas à sa juste valeur ? Est-ce une récompense céleste qui nous attend au terme de nos épreuves terrestres ? La dernière ligne du logion précise en effet qu’il s’agit bien du Père qui invite. Et qui sont les conviés, acheteurs et marchands , qui se sont excusés ? Ne s’agit-il pas de nous, qui aimons tant notre profit
? Et ceux qui, finalement, sont conviés à la fête parce qu’ils ont déjà entamé leur cheminement
? Ce festin pourrait-il faire partie de la réalité de cette vie terrestre
?
La réalité biblique du paradis terrestre est considérée comme une fabulation
Que cette vie puisse être vécue comme un festin nous semble tout aussi fantaisiste ! Notre expérience quotidienne s’oppose foncièrement à une telle vision. Pourtant ce n’est pas la première fois que cet évangile nous confronte à une réalité peu crédible. Dans l’ivresse qui est la nôtre, la pauvreté des ténèbres dans lesquelles toujours nous demeurons, dans un savoir prétentieux concernant Dieu et ses commandements, les lieux aussi où Il demeure, bref, dans l’orgueil qui nous pousse à nous considérer nous-mêmes comme les détenteurs d’une connaissance véritable, voir infaillible, il nous est quasiment impossible d’imaginer une réalité différente, qui serait la conséquence d’une vie vécue selon Sa loi d’harmonie
À l’invitation de cette loi, à laquelle répondent pourtant spontanément toutes les plantes, tous les animaux, toutes les cellules de notre propre corps aussi, à cette invitation notre moi reste sourd
Ce que vous guettez cela est venu, mais vous ne le reconnaissez pas était dit au logion 51. Comme le nirvana pour le Bouddha, la participation dans la royauté du Père fait, selon Jésus, partie de la réalité de cette vie. Chez Luc (17. 21) aussi nous lisons : car le royaume de Dieu est au-dedans de vous
Une vie vécue dans l’unité avec l’Être absolu, qui est à la fois source et loi, qui est symbolisé par Jésus dans l’image d’un père, cela serait donc le repas auquel tous et toutes nous sommes conviés ici et maintenant.
Si la réalité d’un festin, comme celle du paradis terrestre, eût à l’origine fait partie du scénario de la création, qu’elle pourrait bien être la cause de la tournure désastreuse qu’ont prise les évènements ? Ce scénario pourrait-il encore être corrigé ? La réponse à cette question nous confronte à la responsabilité de chaque être humain sur cette terre. Car à lui seul est déléguée une liberté d’action. Le prix de cette liberté s’appelle toutefois responsabilité , tant individuelle que collective. Au logion 58 nous avons tenté d’évaluer la loi de karma : dans l’action même réside sa conséquence. Toute action juste tente à rétablir l’harmonie, toute action fautive perturbe l’harmonie. Une action, émanant d’une conscience qui méconnaît les valeurs véritables, aura toujours des conséquences néfastes !
Depuis que l’homme, l’Adam, est apparu sur terre il a méconnu l’autorité du Père, a renié Sa loi d’harmonie. Toujours nous sommes l’Adam, car toujours ce sont nos désirs égocentriques qui déterminent le choix de nos actions. Ce qui est sacro-saint dans notre vie est moi, mon et ma
Voici ma famille , ma maison, mon travail, mon droit, mon peuple, ma culture, ma foi
Il y a urgence à dé- mon -ter un certain orgueil, à dé- mâ -ter un bateau ivre
Non pas que nous ayons à répudier nos valeurs, mais une bonne dose de relativisation pourrait bien convenir
Un arbre est constitué de milliards de cellules, qui toutes sont à l’écoute de Sa loi. Imaginez un instant que ces cellules se comporteraient comme des êtres humains
Il n’y aurait plus d’arbre mais un amas de poussière, car toute cohérence harmonieuse aurait disparu ! Ce qui détermine notre comportement n’est pas une responsabilité collective, mais un intérêt personnel. Cet état d’esprit est, depuis la chute d’Adam, à l’origine d’une spirale de négativité dont les conséquences sont devenues maintenant incommensurables. Car impitoyablement la loi fustige toute perturbation. Comme Jésus au logion 28, nous ne pouvons que faire un constat désolant et reconnaître notre propre responsabilité.
Ce qui sur cette petite planète nous unis tous et toutes est tellement plus important que ce qui nous sépare . Porter notre attention vers ces valeurs, qui nous unissent dans une même source de vie et sa loi, nécessite toutefois un abandon de préoccupations égocentriques, qui nous rendent sourds à l’invitation la plus essentielle. Celle ou celui qui a pris conscience de cette réalité et s’est engagé dans la voie d’un juste cheminement , est convié à la fête chez le Père.
Quelque soit l’image de cette réalité terrestre, qui puisse être la nôtre, jamais elle ne pourrait constituer une excuse pour méconnaître notre responsabilité ici et maintenant. Car tous ensembles nous déterminons aujourd’hui une qualité de vie pour tous ceux qui viennent après nous sur cette planète.
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il a dit
un homme fortuné avait un vignoble
il le donna à des cultivateurs pour qu’ils le travaillent
afin d’en recevoir le fruit de leurs mains
il envoya son serviteur pour que les cultivateurs lui donnent
le fruit du vignoble
ils s’emparèrent du serviteur et le frappèrent
un peu plus ils l’eussent tué
le serviteur alla et le dit à son maître
son maître se dit peut-être ne les a-t-il pas reconnus (*)
il envoya un autre serviteur
les cultivateurs le frappèrent lui aussi
alors le maître envoya son fils se disant
peut-être respecteront-ils mon fils
puisque les cultivateurs le reconnaissaient comme l’héritier du vignoble
ils le saisirent et le tuèrent
celui qui a des oreilles qu’il entende
Mt 21. 33-41 – Mc 12. 1-9 – Lc 20. 9-16
(*) Cette ligne fut traduite littéralement. Une erreur de transcription est probable. Plus logique serait en effet : peut-être ne l’ont-ils pas reconnu .
Cette vie biologique nous la recevons non pas comme un présent mais comme un prêt. Un présent nous appartient, un prêt doit être rendu ! Si nous voulons jouir pleinement du prêt qui nous est confié, il nous incombe de respecter des règles élémentaires. Avant toute chose nous devons être et rester conscients que toutes les facultés, qui nous sont déléguées et que nous considérons comme nôtres, ne nous appartiennent pas. De ce prêt les fruits non plus ne nous reviennent pas
En réclamer la possession est péché d’orgueil : s’accorder à soi ce qui ne lui appartient pas
Ceci concerne non seulement les fruits que nous récoltons mais également les droits, le savoir, le pouvoir et même la bonté dont nous nous sommes parés.
Quand les conditions de vie nous sont favorables et nous permettent une certaine aisance matérielle, nous avons le privilège de découvrir et de jouir de bien de choses agréables, comme d’un bon vin
Ceci n’a rien de réprimandable, à condition toutefois de rester conscient de la source donatrice et de sa loi d’harmonie. Car une jouissance ne peut se faire ni au détriment d’autrui, ni au détriment de la nature. Le but du prêt, qui nous est confié, est qu’il soit utilisé à bon escient. En tant que bons serviteurs il nous incombe de cultiver le vignoble et d’en récolter les fruits.
La tâche du serviteur est de servir et donc de remettre au seigneur du vignoble les fruits qu’il a récoltés. Ceci est le sens véritable de l’offrande : l’homme élève le fruit de son service vers le Père donateur. Par cette reconnaissance il s’élève lui-même à sa véritable nature : celle de fils ou fille du père le vivant . Alors seulement il jouira pleinement du vin qu’il aura produit dans l’unité avec le seigneur du vignoble. Car point de festin sans vin !
Entendue dans une perspective chrétienne cette parole est apparemment prophétique
Qui autre que le Christ crucifié pourrait-il bien être symbolisé par le fils unique assassiné
?! Cette image ne peut pourtant nous détourner de l’essence même du message de Jésus, qui est que tous et toutes nous sommes enfants du Père. Le sens de l’unique héritier appartient à l’image , qui tente de nous démontrer que l’homme est prêt à tout pour s’accorder à lui-même richesse et pouvoir, qui ne lui reviennent pas ! L’image du propriétaire du vignoble symbolise une réalité absolue. Ce qui dans l’image a un sens, ne l’a pas forcément dans la réalité symbolisée ! Dans l’absolu il ne pourrait être question d’héritage
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